Prisonnières d'une idéologie
Armandine Penna est photographe. Elle a réalisé un reportage sur les femmes des détenus islamistes incarcérés après les évènements du 16 mai 2003. C'est ce reportage que je vous invite à visualiser en cliquant sur ce lien et à faire défiler les 16 images qui le composent en passant d'une page à la suivante.
Copyright: Armandine Penna
Je vous donne à lire un fragment du texte qui accompagne son reportage:
"(...)A Tanger, j’ai rencontré Sanae. Son mari Rachid a été condamné a 2O ans de réclusion, incarcéré à la prison de Kenitra, puis transféré depuis peu dans un établissement pénitentiaire plus proche de sa famille. Sanae est persuadée de l’innocence du père de ses trois enfants. Elle clame : « Mon mari n’est pas un terroriste. Je ne peux pas rester là les bras croisés à attendre que passent les années ». Elle écrit aux autorités et aux ONG, se bat pour obtenir une grâce royale (déjà plus de 300 islamistes ont été amnistiés). Cette femme dont on ne voit que les yeux m’a accueillie chez elle, à Beni Makada, banlieue populaire de Tanger où fleurissent les nikab (foulard intégral). Elle veut lever le voile sur ce que vivent beaucoup de femmes de détenus islamistes. D’autre m’ouvrent leurs portes et leurs cœurs. Toutes crient qu’elles n’en peuvent plus. Entre dépression, exclusion sociale, et économie de bouts de ficelle.
Ces femmes seraient-elles devenues des militantes des droits de l’Homme ? Non, elles défendent avant tout leurs hommes. Maris derrière les barreaux et pourtant si présents. Même s’ils ne sont plus là, leurs épouses choisissent de continuer à n’être plus que des ombres. Elles aussi vivent cloîtrées entre des murs, ceux de leurs maisons, ceux de leurs voiles. Cloisonnées du reste de la société. Elles aussi sont derrière des barreaux…Comment défendre les droits de l’homme – et de la femme - quand on est prisonnière d’une idéologie qui les nie ? ".
Copyright: Armandine Penna