Alors...ce salon ?
Si l'on comptabilise dans les journaux et les magazines le nombre des annonces relatives à la tenue de la 13 ème édition du salon national photo,
on peut avancer que cette manifestation a eu bonne presse! Mais ces
annonces n'ont dépassé que très rarement le stade informatif. Aucun
dossier bien ficelé qui puisse apporter au lecteur une évaluation
critique des oeuvres exposées. Et quand le compte rendu du salon s'étend sur deux pages comme c'est le cas dans un hebdomadaire portant sur la semaine du 20 au 26 décembre, force est de constater que le lecteur reste sur sa faim. L'auteur de l'article intitulé étrangement "Clichés cachés" nous donne une vision bien tronquée de cet événement: la liste des participants n'est même pas indiquée et rien n'est dit sur les autres expositions tenues en parallèle ! Dans ce cas précis, même l'information la plus élémentaire n'est pas fournie. Le lecteur de ce périodique ne saura jamais rien sur les lieux où se tiennent les trois expositions du salon ! Il n' y a pas que les clichés qui sont cachés ou passés sous silence!
La question que je me pose est la suivante : quand aurons-nous des journalistes d'investigation capables de se rendre dans les galeries pour évaluer de façon exhaustive et impartiale, en connaisseur et avec un regard critique, le travail exposé ?
A chacune de mes expositions, le ou la journaliste me téléphone pour me demander de répondre à ses questions. De la sorte, son travail se limite à faire bien planqué chez lui ou à son bureau une petite synthèse à partir des réponses fournies. Là, je mets le doigt sur l'absence grave d'un discours critique portant sur la photographie. Il revient aux instituts de formation des futurs journalistes de combler ces lacunes et d'initier leurs étudiants à l'histoire de l'Art...Sinon, pour le moment, nos journalistes qui cherchent à s'occuper des arts visuels me donnent l'impression de pédaler à côté du vélo...pour ne pas dire qu'ils sont à côté de la plaque!
L'objet de ce billet n'est pas de faire le compte rendu critique des trois expositions. Ce n'est pas mon rôle. Pour éviter de tomber dans le travers courant d'être à la fois juge et partie. A ce propos, j'invite le lecteur marocain à lire dans le catalogue de l'exposition le dense et pertinent compte rendu d'Abdelkrim Chiguer qui présente sur huit pages l'ensemble des artistes et leurs travaux respectifs. Pour cette raison, je me limite à quelques constatations d'ordre général. Globalement, je trouve que ce salon offre une variété d'oeuvres intéressantes. Je regrette juste un peu la thématique retenue : "Mémoires" (au pluriel). C'est un peu un sujet bateau. Dans la mesure où toute photographie a quelque chose à voir avec la mémoire. J'ai pour cette raison ressenti un éparpillement ou un manque de cohérence dans les oeuvres exposées. Ce n'était pas le cas par exemple dans le douzième salon consacré à la poétique de la ville.
Pour moi, personnellement, j'ai pleinement apprécié le fait qu'il y ait, en parallèle avec le salon national exposé dans le cadre étouffant ou écrasant de la galerie Bab El Kebir aux Oudayas, des photographes invités originaires de France. La galerie Mohammed El Fassi leur est entièrement consacrée. On peut y admirer le travail de haut vol de cinq photographes réunis sous la bannière de la galerie NegPos de Nîmes. J'avoue ici un coup de foudre pour le travail exceptionnel de Véronique Chanteau.
Le second moment fort était celui des retrouvailles avec le père fondateur de l'Association marocaine d'Art Photographique : Abdelhamid Rmili. Je le remercie vivement pour le plaisir qu'il nous a donné en projetant son travail en noir et blanc, de facture classique et humaniste, sur la ville de Kénitra et ses environs. Un moment d'émotion rare!
La petite série de photos qui va suivre a été réalisée sans alibi artistique dans la galerie Mohammed El Fassi.