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Too Banal
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24 juillet 2007

Vingt minutes d'arrêt à sidi machin

A toutes les entrées, à toutes les sorties des villes et à tous les croisements routiers, la tension était palpable ! Menace terroriste oblige, policiers et gendarmes étaient sur les dents et multipliaient les barrages et les contrôles.

L'axe routier Essaouira-Marrakech n'était pas en reste! Et le car qui me transportait ce jour-là accumulait plus les temps d'arrêt que les kilomètres parcourus...

 

Le soleil trônait, implacable dictateur, au-dessus de nos têtes et nous dictait haut et fort sa loi. Alentours, un paysage nu, assoiffé et monotone peinait à avancer. Les bouteilles d’eau minérale se vidaient et la torpeur  commençait à gagner ! Le marchand de sable chaud faisait probablement partie du voyage et un sommeil contagieux pesait brûlant sur mes paupières…

C’est là que le chauffeur a amorcé une sortie vers un village au bord de la route en nous annonçant : « 20 minutes d’arrêt à sidi…( ? )»

Assoupi ou assommé, je n’avais pas bien saisi le pseudo du saint marabout. Sidi Mouch, sidi Mchich, sidi Chimère, sidi Chniwla, sidi Chwarma, sidi Chekwa llah…je ne savais plus ! Appelons-le sidi Machin et basta !

Les voyageurs ont pris d’assaut les tables et les chaises que des parasols de fortune soustrayaient au feu solaire…

Des enseignes peintes de façon naïve ou rudimentaire indiquaient le menu du jour. Il y en avait une qui sortait du lot et semblait attirer beaucoup les clients ! C’est celle du « fast fool* » local où l’on sert la « bissara** »chère à la panse des marocains et qui dame le pion au meilleur fast food américain !

Ayant plus soif que faim et boudant le caca cola et autres boissons assimilées, j’ai préféré faire le tour du patelin afin de braver le soleil et dégourdir le diaphragme de l’appareil cher à Daguerre…

C’était l’heure de la prière ! Les rues étaient pratiquement désertes et les boutiques, dans leur grande majorité, avaient portes closes. C’est qu’on ne badine pas avec le plus grand des  seigneurs. Des oraisons jaculatoires fusaient depuis la mosquée, montaient en réseaux groupés au ciel et à  la faveur des trous d’ozone parvenaient aux oreilles de celui qui voit et entend tout…

Seul devant ce lieu de culte, un arbre semble avoir irrémédiablement pété ses tympans et perdu définitivement ses illusions de printemps.

sidi_machin0032

 

 

 

 

* "Fool" terme arabe pour désigner les fèves.

** "Bissara" sorte de purée de fèves arrosée d’huile d’olive, de jus de citron, de cumin et de paprika relevé.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
M
La dernière phrase est mortelle !!!<br /> <br /> Merci pour les photos ... ;)))<br /> <br /> Amitiés
O
cette photo est vraiment belle. le ciel est d'une incroyable douceur!
P
chaleur...sueur...odeurs fortes...la nature m'agresse et me bouscule...me force à apprécier le khoraf d'eau fraîche et la pénombre apaisante de la chambre noire qui dévoile la beauté brutale de ces paysages brûlants...
M
je suis allée de blog en blog , le nez au vent , musardant à la recherche de rien .......... et suis tombée sur le votre.<br /> J'ai été séduite par la sensualité qui se dégage de vos photos. Je tenais à vous en remercier . Voilà qui est fait
C
Ta plume nous entraine avec verve en ce pays où le soleil fait sa loi...<br /> Lieu écrasé de chaleur qui en oublie jusqu'à son propre nom...<br /> Où même les arbres renoncent à proposer au voyageur un peu d'ombre.<br /> <br /> On est littéralement propulsé là-bas en ce lieu où tout n'est plus que torpeur et temps en suspens.<br /> On entendrait presque le cri du muezzin montant vers le ciel..<br /> <br /> Tu raconte vraiment bien.<br /> <br /> Ne me manque que le goût de ce plat aux fêves...
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