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Too Banal
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2 février 2007

Etreintes et contraintes du sablier

J'emprunte ce titre à l'un des recueils poétiques de Tahar Djaout " L'Etreinte du sablier " publié en 1983 soit dix ans avant qu'il n'ouvre la longue liste des intellectuels assassinés en Algérie.

Mais le poème qui suit provient de "Pérennes" (poèmes 1975-1993), couverture et encres de Tibouchi, "Europe/Poésie, Le Temps des Cerises", Paris, 1996 :

Te perdre
C'est retrouver le néant des sables
Avec ses os de seiches obstruant ma bouche,
C'est retrouver le jour encombré d'épluchures,
Jonché de squelettes épineux

sablier0001web

Toi perdue,
Mes mains se videront de tout ce qui les faisait gémir ou trembler,
Mes lèvres n'atteindront plus aux voiles du ciel frais,
Les épines des rosiers ne serviront qu'à composer au monde
Un visage barbelé.

Toi perdue,
Je serai ce corps neutre
Où les angoisses font halte.

sablier0002web

Toi perdue,
Je ne retiendrai dans mes bras
Que ce tas de sable qui coule,
Avec la mort embusquée dans le dernier grain.

sablier0002

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Commentaires
K
Alors la mort me prendra par la taille<br /> Elle me dira les mots enfouis<br /> Je baiserai le sable de tes machoires<br /> Et goûterai aux sel des os de seiche<br /> Y seras-tu ?
T
Technique mixte qui associe peinture et photographie. Tout est fait sur place en surimpression sur film argentique inversible. Comme les billes et les chutes de miroir entrevues sur d'autres images...<br /> Bien évidemmment, cette démarche évoque par certains côtés le land art...<br /> Cordialement<br /> Too banal
M
Dis, ces peintures ont vraiment été exposées dans ce paysage désertique ? On dirait presque du "Landart"... A bientôt Toobanal :)
M
choisi par Mo, j'ai déniché ces trois vers qui sonnent comme un haïku :<br /> <br /> Nulle porte nulle part,<br /> Un espace nu comme la main,<br /> Y a-t-il rien de plus beau ?<br /> <br /> Mohammed DIB (1992) Le désert sans détour, éditions Sindbad, page 33.
M
Les mains d'Elsa d'Aragon<br /> <br /> Donne-moi tes mains pour l'inquiétude<br /> Donne-moi tes mains dont j'ai tant rêvé<br /> Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude<br /> Donne-moi te mains que je sois sauvé<br /> <br /> Lorsque je les prends à mon pauvre piège<br /> De paume et de peur de hâte et d'émoi<br /> Lorsque je les prends comme une eau de neige<br /> Qui fond de partout dans mes main à moi<br /> <br /> Sauras-tu jamais ce qui me traverse<br /> Ce qui me bouleverse et qui m'envahit<br /> Sauras-tu jamais ce qui me transperce<br /> Ce que j'ai trahi quand j'ai tresailli<br /> <br /> Ce que dit ainsi le profond langage<br /> Ce parler muet de sens animaux<br /> Sans bouche et sans yeux miroir sans image<br /> Ce frémir d'aimer qui n'a pas de mots<br /> <br /> Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent<br /> D'une proie entre eux un instant tenue<br /> Sauras-tu jamais ce que leur silence<br /> Un éclair aura connu d'inconnu<br /> <br /> Donne-moi tes mains que mon coeur s'y forme<br /> S'y taise le monde au moins un moment<br /> Donne-moi tes mains que mon âme y dorme<br /> Que mon âme y dorme éternellement.
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