Etreintes et contraintes du sablier
J'emprunte ce titre à l'un des recueils poétiques de Tahar Djaout " L'Etreinte du sablier " publié en 1983 soit dix ans avant qu'il n'ouvre la longue liste des intellectuels assassinés en Algérie.
Mais le poème qui suit provient de "Pérennes" (poèmes 1975-1993), couverture et encres de Tibouchi, "Europe/Poésie, Le Temps des Cerises", Paris, 1996 :
Te perdre
C'est retrouver le néant des sables
Avec ses os de seiches obstruant ma bouche,
C'est retrouver le jour encombré d'épluchures,
Jonché de squelettes épineux
Toi perdue,
Mes mains se videront de tout ce qui les faisait gémir ou trembler,
Mes lèvres n'atteindront plus aux voiles du ciel frais,
Les épines des rosiers ne serviront qu'à composer au monde
Un visage barbelé.
Toi perdue,
Je serai ce corps neutre
Où les angoisses font halte.
Toi perdue,
Je ne retiendrai dans mes bras
Que ce tas de sable qui coule,
Avec la mort embusquée dans le dernier grain.